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Arts Factory, manufacture de talents

Mise à jour le 05/10/2021
Arts Factory
Burns, Cornellà, Pierre la Police, Blanquet, Berberian et bien d'autres… Depuis 20 ans, Arts Factory célèbre les plus grands talents de la scène graphique contemporaine.

Un lieu hors normes

Lorsque l'on pousse la porte de chez Arts Factory, ce qui frappe l'habitué des galeries d'art comme le profane, c'est que l'on s'y sent, presque bêtement, le bienvenu. Clarté, couleurs, foisonnement des formes et des lignes, mais surtout, malgré cette richesse, de l'espace, denrée inestimable s'il en est. La galerie s'étage en effet sur quatre "mini" niveaux (plus un en bonus dédié aux nécessaires tâches administratives), tous reliés par quelques marches, créant une sorte de volume artistique total circulant et aéré. Au rez-de-chaussée, une librairie, un espace de vente d'illustrations et autres goodies, et partout ailleurs, aux murs et sur des tables, des œuvres de tous formats, les différents étages permettant de créer différentes ambiances et tonalités. Mais avant de trouver cet écrin idéal en 2013, Arts Factory a vécu, et même plusieurs fois. Rembobinons donc un instant…

Arts Factory
Arts Factory
Crédit photo : Philippe Mariana

Acte de naissance

Laurent Zorzin et Effi Mild se rencontrent dans les années 90, à une époque où le milieu de l'art vit une passe pour le moins terne (notamment due à la 1ère guerre du Golfe…). Déçus par l'accueil fait par les galeries au travail de leurs amis, ils ont l’idée de créer un lieu qui leur appartienne, afin d'exposer des artistes qu'ils aiment, et d’attirer un public qui leur ressemble. Une première "version" d’Arts Factory voit ainsi le jour en 1996, dans le 18ème arrondissement, sous un nom à la fois hommage à la Factory de Warhol et au label musical mythique de Manchester. Les premiers élus seront notamment de jeunes photographes amis d’Effi, avant que les horizons ne s'élargissent: le couple passe des annonces, notamment dans Nova Mag, et reçoit énormément de réponses, de photographes toujours, mais aussi de dessinateurs, de designers… Surtout, c'est dès cette époque qu'Arts Factory commence à attirer une nébuleuse d'éditeurs à la marge, de fanzines révélant une scène d'illustrateurs très active. Les premières expos seront presque naturellement bâties autour de celle-ci, forgeant dès lors l'identité de la galerie.
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Crédit photo : Jean Lecointre
Au fil des ans, Arts Factory devient peu à peu incontournable sur la scène graphique contemporaine, constituant une famille de plus en plus large, de Bazooka à Pierre la Police en passant par Kiki Picasso. Aucun courant n'est délaissé, pourvu que les artistes soient dans l'esprit de la maison, par la poésie de leurs œuvres, leur humour ou l'émotion qui s'en dégage. Aujourd'hui, le credo de l'établissement n 'a d'ailleurs pas changé d'un iota. Laurent et Effi sont guidés par la passion, jamais lassés de découvrir, et de transmettre. Ils se voient modestement comme des défricheurs, avec une vision transversale de la scène graphique. En témoigne l'expo qui a débuté le 31 janvier: magnifiquement intitulée DAYDREAM / DARKNESS / DISGRACE, elle montre les œuvres d'un trio d'artistes internationaux évoluant entre dessin contemporain, peinture expressionniste et "art outsider". Avec entre autres les dessins étrangement inquiétants de la prometteuse Rebecka Tollens…

Rebecka Tollens
Rebecka Tollens
Crédit photo : Rebecka Tollens

Transformations

Après dix années passées dans le 18ème, le couple ressent une volonté de changement. Arts Factory ferme, et devient une sorte de label, se muant en une galerie d’art nomade. Des expos sont organisées en divers lieux à Paris, en région et même à l’étranger, suivant toujours sur la même ligne artistique. A chaque événement, on tente de créer quelque chose de différent, l'artiste s'adaptant au lieu, et inversement.

En 2014, une troisième vie commence pour Arts Factory. La Galerie Lavignes-Bastille, autrefois prestigieuse, connue pour avoir accueilli le première expo de Wharol spécialement conçue pour une galerie française, est disponible. Laurent et Effi s'y installent, pour en faire le lieu que nous connaissons aujourd'hui. Ils ouvrent avec une expo d'un certain Daniel Johnston, musicien culte, souffrant de schizophrénie, dont les dessins naïfs et touchants sont régulièrement exposés à la galerie, et avec qui ils ont noué une relation particulière. Depuis ils renouvellent leurs événements toutes les cinq ou six semaines, montrant le travail de "fidèles" qui intègrent peu à peu la famille Arts Factory. Très sollicités, Laurent et Effi tentent d'étudier tous les projets qu'on leur soumet, mais leur jugement est sans appel, parfois même pour des artistes proches. Rebecka Tollens a ainsi dû mûrir son projet avant de séduire le jury. Parfois ils prospectent, et tombent sur des pépites au hasard sur le web. Toutefois, le côté humain et la rencontre restent essentiels.
Les Galettes de Pont Aven
Les Galettes de Pont Aven
Crédit photo : Simon Roussin

L'âge de raison

Aujourd'hui, Arts Factory est devenu le lieu dont ils ont rêvé. Parce qu'il leur permet de vivre au quotidien de leur passion, bien sûr, mais aussi parce qu'ils ont réussi à en faire un véritable lieu de vie, où l'on vend des œuvres et des livres qui leur correspondent, où ils peuvent proposer des expos de qualité gratuitement… Loin de l'image associée aux galeries d'arts, Arts Factory n'est pas snob. L'art y est "dédramatisé", on y vend des œuvres pour tous les budgets, ou presque, et même y trouver des affiches dédicacées par son dessinateur préféré à 10 euros. Oui, vraiment.

Si l'équilibre économique d'une galerie d'art reste toujours précaire, Arts Factory est, réjouissez-vous, en bonne santé, notamment grâce à l'expo organisée pour ses 20 ans. Veillant farouchement sur son indépendance, la galerie se finance par la vente d’œuvres et d’ouvrages, mais aussi grâce à son activité d’agents d’illustration, "la Supérette". Un système intégré qui fonctionne pour l'instant à merveille, et permettra on l'espère d'implanter durablement Arts Factory dans son quartier, près de Bastille. Il y est devenu un commerce de proximité presque comme un autre (on a dit presque), avant-goût d'un monde où le milieu de l'art serait devenu modeste, démocratique et accessible à tous… On peut toujours rêver non?

Effi Mild et Laurent Zorzin
Effi Mild et Laurent Zorzin
Crédit photo : DR

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