Sirènes et autres chimères...
Ne nous y trompons pas : nous sommes bien loin du simple cabinet de curiosités fantastique et inquiétant d’un Museum d’histoire naturelle improbable. Non, les êtres fabuleux présentés ici éveillent en nous bien plus qu’un simple attrait pour l’étrange.
Commençons par résoudre une question lexicale : la chimère est un animal fabuleux ayant la tête et le poitrail d'un lion, le ventre d'une chèvre et la queue d'un serpent mais accordons-nous sur le fait que d’innombrables variantes de combinaisons animales sont envisageables. La sirène s’inscrit dans la mythologie grecque comme un monstre ailé, tenant à la fois de la femme et de l’oiseau. Au contact des légendes des contrées nordiques, elle se transforme en femme à queue de poisson et Andersen popularise cette représentation pour les générations suivantes.
Sommes-nous en présence de créatures maléfiques ? Pas si sûr… en tout cas cette appréciation serait bien trop réductrice. Certes les sirènes envoûtent par leur chant et cela peut conduire à une langueur morbide mais elles promettent aussi la joie et la connaissance: « Nous savons tout ce qui arrive sur la terre féconde » leur fait dire Homère. Du haut des édifices religieux les chimères nous narguent de leurs expressions grimaçantes et impertinentes mais par leur aspect effrayant maintiennent éloigné tout ce qui pourrait nuire à la quiétude des lieux.
Dangereuses mais inspiratrices les sirènes s’invitent aux côtés des Muses, les chimères, elles, comme le montrent les Romantiques, questionnent les profondeurs de l’inconscient. Ensemble elles ouvrent les portes d’un imaginaire fertile pour les créateurs, fascinant pour les spectateurs.
Alors, laissons-nous attacher au mât et savourons le chant des Sirènes…
Xavier Delette, directeur du CRR