Des titres de faits divers confrontés à des publicités bien-être, des images d'actu très officielles flanquées de bulles surréalistes... Depuis deux ans Aurélie Stéfani décortique, découpe et recompose phrases et images du Parisien (du 94), utilisant la matière d'un quotidien souvent déprimant pour mieux le tourner en dérision. Point d'orgue de ce travail de longue haleine, la publication d'un ouvrage intitulé "Le Parisienne 94" aux EDitions, où elle compile les meilleurs de ses collages récoltés chaque jour, discipline à laquelle elle s'est astreinte comme une hygiène de l'artiste. Pour fêter ça, elle organise le 15 décembre une petite séance de "découpage-dédicace", où le livre vous sera tamponné avec amour.
Aujourd'hui graphiste free-lance pour payer ses factures, Aurélie est diplômée de l'école Duperré, dont la réputation n'est plus à faire en matière d'arts appliqués. Une époque où elle développe déjà un goût très sûr du détournement, du recyclage des contenus, prétexte à la création avec son acolyte Pauline Bastard de sa propre structure pour éditer ses projets, EDitions. Une démarche créative en réaction au flot d'images et de messages dont nous sommes chaque jour abreuvés, qui la guide encore aujourd'hui,
En parallèle de son activité de graphiste, Aurélie Stéfani produit, ne lui en déplaise, une authentique œuvre artistique, cohérente, qui fait sens. Il faut que ce soit drôle certes, mais pas que. Parmi ses faits d'armes, notons une fascinante/consternante compilation de petites annonces échangistes, un splendide cahier de vacances pour adultes qui s'ennuient à la plage, mais aussi un petit objet conceptuel, dont la lecture est une expérience vertigineuse: intitulé "Les Feux de l'amour", l'ouvrage est le fruit de 2 ans de collecte des résumés de la série, mis à la suite en un seul interminable paragraphe...
Mais l'art serait sans objet s'il n'avait pas d'impact, de prolongement dans la société (n'est-ce pas?). Durant une semaine, Aurélie a ainsi animé un atelier à l'hôpital psychiatrique de Villejuif, où elle a travaillé avec des patients de la même façon que sur son projet "Le Parisienne": découpage de journaux, télescopages des titres et des images, création de messages détournés... L'expérience a été plus que concluante, puisque les malades ont été d'une productivité étonnante, très impliqués et poursuivant même le travail au-delà de l'atelier. Un travail qui a d'ailleurs été montré dans un bar de Villejuif, dans une expo intitulée "Le Psyrisien".
Si vous cherchez à offrir un cadeau drôle et original (et rare, puisque chaque exemplaire de "Le Parisienne" est numéroté à la main avec amour), vous savez ce qu'il vous reste à faire. Et si vous voulez le faire dédicacer EN PLUS, c'est très facile, ça se passe cette semaine au Pied de Biche.